Euregionale ‘92 – L’épaisseur du blanc
- Creative Fields Expositions de groupe
L’épaisseur du blanc
Huit étançons scandent le volume de la pièce, reliant deux rectangles blancs, l’un constitués de blocs de craie répandus au sol et l’autre délimité par une moulure existante au plafond. Bien sûr, il ne s’agissait pas de régler un problème de stabilité du bâtiment, mais d’opérer un étançonnement visuel afin de susciter une inversion du regard qui est le plus souvent sollicité frontalement dans des lieux d’expositions.
L’objectif est d’opérer un renversement des perspectives du lieu et d’attirer l’attention sur l’état de surface du plafond, la verticalité des fenêtres, la blancheur des murs, afin de créer un espace intermédiaire, un no-man’s land tendu entre visible et invisible.
Dans ce type de pratique, le contexte du lieu, tant intérieur qu’extérieur est primordial. L’oeuvre se génère par de légères interventions. Par exemple, c’est un détail du plafond, huit surfaces carrées de 30 cm. x 30 cm., de faible épaisseur qui a déterminé l’emplacement des étançons. En observant bien, on s’aperçoit qu’ils en sont pas disposés de façon régulière. La craie déposée au sol, est en quelque sorte l’ombre du rectangle au plafond. Le poids de la craie, son aspect clivé entre en dialogue avec le poids minime de la couche de Latex blanc qui recouvre une partie du plafond. A noter que le plafond était blanc et que c’est sur le pourtour qu’une couche de gris bleuté a été appliquée.
Autant la couleur blanche appliquée uniformément aux murs et plafonds atténue les angles rendant imperceptibles les détails de surface, autant la matérialité de la craie devient réceptacle de lumière, captant les ombres dans l’épaisseur du blanc.
Daniel Dutrieux, 1992
Installation, Provinciaal Museum, Hasselt, 1992
Matériaux : 8 étançons, craie et latex