Arbres – L’écriture du bouleau
- Creative Fields Expositions de groupe
L’écriture du bouleau associe deux rouleaux de câbles de chantier en bois, vides, couchés sur le flanc, à deux bouleaux fraîchement essartés du domaine universitaire et fixés par des coins dans leur axe. Bois mort et bois vif ne s’opposent qu’en apparence. Manufacturées, les planches contribuent au transport de l’énergie et de l’information, qui définissent la vie; la mort du bouleau est nécessaire à la survie de la forét.
Entre les deux rouleaux, à la place de câbles, se déroule un large bandeau de toile, qui réalise une nouvelle métamorphose du bois. La disposition des rouleaux et du bandeau rappelle la forme d’un film disposé dans son appareil photographique; du coup, on cherchera l’image imprimée sur le bandeau. On peut aussi y voir une allusion au rotulus, ancêtre du livre et l’on y pistera un texte. Les lignes alternées qui s’y inscrivent tiennent des deux à la fois – ou peut-être ni de l’un, ni de l’autre. “Textuellement », photographiquement reprises aux stries horizontales marquant une écorce de bouleau, ces lignes ont ensuite été multipliées et retravaillées sur programme informatique selon un processus certe aléatoire, mais dont l’effet n’est pas moins plausible que celui qui se lit sur les écorces vraies. L’artiste en a tiré un livre.
Ces traits rappellent et appellent la scansion d’un texte, et l’on rêve à I’exercice oulipien qui consisterait à multiplier les textes sur ce rythme imposé; on compare aussi avec les travaux de Kosuth, qui se plaisait à barrer des citations entières. Comme le bouleau, arbre conquérant, excelle à s’introduire dans les interstices de nos constructions, à miner nos murs, le langage chercherait-il à s’insinuer dans la moindre fissure du vivant ?
Yves Randaxhe
in Arbres, Patrick Corillon – Gerald Dederen – Daniel Dutrieux et Clémence Van Lunen
édité par le Musée en Plein Air du Sart Tilman, 1998
L’écriture du bouleau, CHU, Angleur, 1997
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