Dendroscopes et Colonnes
- Creative Fields Réalisation Urbaine
Dendroscopes et colonnes, Musée en Plein Air du Sart-Tilman, Angleur, Liège, 2003
Un itinéraire en 4 étapes destiné à l’observation sensible du végétal, l’arbre en étant le sujet principal. L’oeuvre se développe au départ d’un sentier courbe, le sentier du visiteur, reliant le parking à l’entrée de l’Observatoire. Au niveau de l’entrée, ce sentier constitué de graviers rouges se prolonge pour aboutir en pleine végétation sur un hêtre pourpre planté dans son axe. Une seconde courbe inversée traverse le site, le sentiers des arbres et c’est sur l’axe régulateur du Sart -Tilman , proche de l’axe Nord / Sud que se distribuent les 4 colonnes et les deux dendroscopes. Les colonnes évoluent à la fois en hauteur ( 55 CM – 1 M – 1M50 -2 M 55 ) et par le nombre de facettes ( 4 – 6 – 8 – 16 ). La largeur des stèles est invariable ( 55 CM )
Une lecture promenade en quatre étapes :
L’oeuvre intitulée “Dendroscopes et Colonnes “ est un ensemble qui s’inscrit dans le contexte d’un observatoire scientifique et d’initiation au Monde des plantes. C’est de l’interaction de l’ensemble des éléments avec ce contexte qu’une lecture adéquate de l’oeuvre peut être envisagée. En d’autres termes, il serait vain de ne tenir compte que des objets pris séparément, car la distance entre ceux-ci, et les liens qu’ils génèrent avec l’environnement ont autant d’importance que les objets eux-mêmes.
Ainsi, la plantation en ligne courbe de 8 arbres aux écorces remarquables ne doit être perçue sans la présence simultanée du chemin du visiteur, et la plantation d’un hêtre pourpre se situe dans le prolongement exact de ce chemin en gravier rouge. Les objets spécifiquement “sculpturaux”, soit les deux dendroscopes et les 4 colonnes, sont les traits d’union d’un ensemble spatial à découvrir par la promenade.
Le passage du cube au cylindre, soit de la forme élémentaire, stable et immobile – tout en évoquant ici, a contrario, la mobilité de l’aiguille d’une boussole – à cette colonne verticale défiant le vent tout en révélant son mouvement, l’axe régulateur linéaire traversant à la fois le chemin courbe du visiteur et la courbe arborée, les variations de points de vues que suscitent les 2 dendroscopes, l’ombre figée par rapport à l’imprévu et la volatilité des graines, l’inversion de l’image des arbres et l’invitation à l’observation et la perception tactile des écorces… L’ensemble de ces éléments semblent se conjuguer pour rappeler la relativité qui préside en tout phénomène observable.
Première étape : Le socle du visuel.
Le positionnement, la lumière et la géométrie.
Le socle du visuel est de forme cubique. Comparable à l’aiguille figée d’une boussole, c’est à la fois un petit promontoire et un signal du positionnement Nord / Sud. Il est constitué de deux matières: du coté Nord, d’un granit noir ( Impala ) et, côté Sud, de petit granit adouci, qui éclaircira encore avec le temps.
Le premier dendroscope qui lui est associé est percé de formes géométriques sur troncs évoquant une sorte de grammaire formelle des arbres et du monde végétal. Les 4 arbres qui entament la vaste courbe arborée, le sentier des arbres, ont la particularité d’avoir un feuillage rouge en été ( Prunus cerasifera, Betula verrucosa purpurea , Gleditsia triacanthos Rubilace et Malus Royalty ). Ce choix a pour but de placer le visiteur en contact avec la teinte complémentaire au vert végétal. Le chemin de fin gravier rouge termine sa course dans la végétation sur un hêtre pourpre ( Fagus sylvatica purpurea ) qui y a été planté.
Deuxième étape : Le socle des graines.
L’ombre et l’intangible
Situé dans l’axe du bâtiment sur l’esplanade jouxtant l’entrée de l’observatoire, il est fixé sur l’ombre d’un arbre-feuille, prolongeant l’hêtre vert planté sur la route d’accès au site. Il s’agit d’une colonne hexagonale ( 55 CM de large pour une hauteur de 100 CM ) dont les flancs sont en petit granit, tandis que le plateau supérieur en granit noir présente en gravure une variété de graines d’arbres indigènes.
Troisième étape : La stèle des écorces.
Le toucher
De forme octogonale elle présente sur ses flancs 8 structures d’écorces remarquables appartenant aux arbres plantés dans le prolongement du sentier des arbres. Les dessins sablés préfigurent les écorces remarquables des arbres lorsqu’ils seront arrivés à maturité. On y trouve 2 types de Bouleaux : Betula Utilis & Betula Nigra, 2 types d’Erables : Acer Rufinerve & Acer Griseum, 2 types de Prunus : Prunus Maacki & Prunus Serula ainsi qu’un Metasequoia Glyptostroboides & un Parrotia Persica
Le second dendroscope qui est associé à cette stèle présente 8 percements en forme d’arbres inversés, soit avec la ramure vers le bas et le tronc vers le haut. Ces images comparables à l’image d’une chambre technique évoquent l’invisible enracinement de l’arbre lié à la lenteur de sa croissance.
Quatrième étape : La stèle du vent.
Le temps et l’imprévu
Située au point de rencontre entre le sentier des arbres (courbe) et l’axe régulateur (rectiligne), cette stèle peut faire songer au tronc d’un arbre en pleine croissance mais dépourvue de ramure, soit un fût vertical et immobile permettant de jauger l’influence du vent sur les arbres environnant. Une spirale en gestation, réelle ou virtuelle, signale l’imprévisible de l’action du temps et du vent sur son évolution.
Un bon enracinement et l’absence de tempêtes dévastatrice favorise une croissance idéale, mais la nature génère souvent des formes inattendues en fonction de circonstances multiples liées au temps et au hasard de diverses conditions…
Daniel Dutrieux, juin 2003